Une galerie privée vient d’ouvrir à Rabat. Avec pour objectif
principal de valoriser le travail de jeunes artistes du cru.
Abla Ababou s’est laissé rattraper par ses rêves. Gamine, elle voulait
devenir écrivaine. Par compromis avec l’écriture, elle est devenue journaliste.
Mais il y a deux ans elle publiait, à l’âge de 38 ans, son premier roman,
Coup de lune, aux Éditions du Rocher. Tout au long de sa carrière de journaliste
culturelle, elle a côtoyé le milieu des artistes. C’est alors qu’un autre rêve
s’allume dans la tête de cette jeune femme espiègle : ouvrir un espace d’art.
C’est désormais chose faite.
AB Galerie, qu’elle codirige avec le designer Jamil Bennani, a ouvert ses
portes le 20 janvier, au 3, rue d’Oran, dans un quartier tranquille de
Rabat. Et tout le gratin local était au rendez-vous, se réjouissant de voir que
la capitale du royaume se met peu à peu au diapason de Casablanca, Marrakech ou
Tanger, où l’on ne compte plus les galeries nées d’initiatives privées.
Pour sa première exposition, qui dure jusqu’au 20 février, AB Galerie
présente les anamorphoses de Corinne Troisi, qui dessine notamment des femmes
aux postures aguicheuses qui font penser tantôt aux tableaux d’Egon
Schiele, tantôt aux silhouettes que poche Miss.Tic sur les murs de Paris. Un
univers très féminin qui a plu aux amateurs et collectionneurs du cru puisque
« plus de la moitié des œuvres ont déjà trouvé des acquéreurs »,
confiait Abla Ababou quelques jours après le vernissage.
Comment cette jeune femme qui se dit « férue de peinture
contemporaine » conçoit-elle ce métier qu’elle a nouvellement épousé ?
« Le rôle du galeriste auprès de l’artiste me semble fondamental dans un
pays comme le Maroc, où le marché de l’art est encore balbutiant malgré les
nombreux talents. » Elle dit vouloir justement les aider « à trouver
leur place dans ce marché en devenir, afin de les propulser dans les collections
privées ou institutionnelles ».
Interrogée sur sa programmation des mois à venir, elle joue la carte du
mystère. « Nous préférons la garder secrète afin de créer pour chaque
événement un effet de surprise », explique-t-elle, précisant que le choix
de la galerie est « dicté par la recherche de talents émergents aussi bien
dans les domaines de la peinture, de la sculpture, du design et de la gravure
que dans ceux de la photographie ou de la vidéo. Les jeunes artistes y
trouveront naturellement leur place. Cela n’empêchera pas des expositions
ponctuelles consacrées à des artistes confirmés ».
Y a-t-il un artiste qu’Abla Ababou rêverait de montrer dans sa galerie ?
« Je serais tentée de citer des noms comme Jeff Koons, Pierre Soulages,
Barry McGee ou encore Cindy Sherman. Mon rêve serait pourtant de représenter un
artiste dont j’aurais flairé le talent pour en faire une star de l’art
contemporain à l’échelle internationale. » On gardera donc un œil curieux sur la
programmation que nous concoctera AB Galerie. |