NOUN septembre 2004
Une discrimination certaine, dans les lois et les pratiques,
existe
toujours
à
l'égard
de
la
femme
libanaise,
qui
peine
à
acquérir
certains
de
ses
droits
fondamentaux.
Pourtant,
la
Constitution
libanaise
affirme
l'égalité
de
tous
les
Libanais,
quant
aux
droits
civils
et
politiques
notamment.
Par
ailleurs,
Le
Liban
a
signé
de
nombreux
traités
visant
à
l'amélioration
de
la
situation
de
la
femme,
notamment
la
Convention
sur
l'élimination
de
toutes
les
formes
de
discrimination
à
l'égard
des
femmes,
considérée
comme
la
Déclaration
universelle
des
droits
de
la
femme.
Noun
dresse
un
état
des
lieux.
En 1996, le Liban signe la Convention sur l'élimination de
toutes
les
formes
de
discrimination
à
l'égard
des
femmes
(CEDAW,
en
anglais).
Hélas,
au
lieu
de
profiter
de
cette
signature
pour
moderniser
sa
législation
et
la
rendre
conforme
à la
Constitution
en
établissant
l'égalité
entre
les
citoyens
sans
distinction
de
genre
(pris
ici
au
sens
social),
le
Liban
a
préféré
stagner
dans
la
situation
discriminatoire
actuelle.
Concrètement,
le
Liban
a
exploité
la
possibilité
qu'offre
la
CEDAW
d'apporter
à la
Convention
des
limitations
concernant
son
champ
d'application.
Notre
Etat
y
est
donc
allé
de
son
lot
de
réserves,
ce
qui
prouve
assez
l'absence
de
la
volonté
politique
indispensable
pour
reconnaître
à la
femme
libanaise
une
citoyenneté
à
part
entière.
Si
cette
convention
affirme
l'obligation
des
Etats
de
garantir
l'égalité
des
hommes
et
des
femmes
dans
tous
les
domaines:
économique,
civil,
culturel,
politique,
le
Liban
en a
exclu
les
deux
principales
dispositions
qui
nous
intéressent
ici:
la
possibilité
pour
la
femme
de
transmettre
la
nationalité
à
ses
enfants
et
celle
d'avoir
"les
mêmes
droits
et
les
mêmes
responsabilités
au
cours
du
mariage
et
lors
de
sa
dissolution,
les
mêmes
droits
et
les
mêmes
responsabilités
en
tant
que
parents
(...),
les
mêmes
droits
et
responsabilités
en
matière
de
tutelle,
de
curatelle,
de
garde
et
d'adoption
des
enfants
(...),
les
mêmes
droits
personnels
au
mari
et à
la
femme
(...)
en
ce
qui
concerne
le
choix
du
nom
de
famille
(...)"
Sous
l'impulsion
d'organisations
internationales
et
d'organisations
non
gouvernementales
actives
dans
la
lutte
contre
toute
forme
de
discrimination
envers
la
femme,
de
très
légers
progrès
ont
certes
été
réalisés,
notamment
au
niveau
des
allocations
sociales,
du
congé
maternité
et
du
crime
d'honneur.
Mais
la
situation
est
loin
de
s'améliorer
dans
les
domaines
principaux,
celui
de
la
nationalité,
du
statut
personnel
-
qui
réglemente
les
fiançailles,
le
mariage,
la
filiation,
la
tutelle,
la
garde
des
enfants
et
la
pension
alimentaire
- et
de
la
participation
économique
et
politique.
Discriminations flagrantes et préjugés primitifs
"La plus grave atteinte aux droits de la femme est sa citoyenneté
manquante",
affirme
Lina
Abou
Habib,
présidente
du
Centre
de
recherche
et
d'entraînement
sur
le
développement
(CRTD,
en
anglais).
Pour
le
législateur,
le
citoyen
est
mâle,
la
femme
étant
celle
qui
suit.
Cette
conception
d'une
citoyenneté
de
deuxième
rang
se
traduit
notamment
au
niveau
de
la
nationalité
et
du
statut
personnel.
Celui-ci
est
laissé
au
libre
arbitre
des
communautés
confessionnelles,
qui
viennent
donc
s'interposer
entre
l'Etat
et
le
citoyen.
"L'Etat
affirme
ainsi
n'avoir
de
relations
qu'avec
les
hommes,
poursuit
Lina
Abou
Habib,
puisqu'il
n'existe
pas
d'élément
féminin
dans
la
hiérarchie
religieuse."
Le
problème
de
l'Etat
démissionnaire
mis
à
part,
les
pratiques
discriminatoires
sont
encouragées
au
sein
des
institutions,
à
commencer
par
la
famille,
et
le
contenu
du
statut
personnel
n'est
pas
seul
en
cause.
En
plus
de
la
soumission
des
relations
mari-épouse
à un
code
rigide,
la
discrimination
entre
filles
et
fils
en
faveur
de
ces
derniers,
y
compris
par
la
mère,
perpétue
les
inégalités,
puisque
les
filles
devenues
mères
vont
reproduire
le
système.
Cette
éducation
constitue
un
frein
certain
à
l'évolution
des
mentalités
et à
l'acquisition
du
réflexe
de
l'égalité
des
genres.
Le
marché
du
travail
est
également
discriminatoire:
pratique
du
harcèlement
sexuel,
promotion
plus
lente
pour
les
femmes,
jugées
moins
productives
par
rapport
aux
hommes.
Ce
préjugé
n'est
pas
le
moindre.
D'après
des
études
menées
sur
le
terrain
par
le
CRTD,
les
hommes,
toutes
classes
sociales
et
économiques
confondues,
considèrent
les
femmes
comme
émotives,
incapables
de
prendre
une
décision,
irrationnelles,
mesquines,
ne
s'aimant
pas
les
unes
les
autres,
moins
intelligentes
(que
les
hommes,
évidemment!),
ou
alors
"aussi
intelligentes
que
les
hommes
sauf
quand
elles
sont
enceintes",
dixit
-
excusez
du
peu
- un
universitaire!
Autant
de
qualificatifs
qu'on
pourrait
employer
à
l'égard
de
certains
de
nos
hommes
politiques,
y
compris
les
plus
en
vue,
mais
qui
ne
les
empêchent
pourtant
pas
d'accéder
aux
fonctions
qui
sont
les
leurs.
Les atteintes aux droits de la femme
La nationalité La femme mariée à un étranger ne peut lui transmettre
sa
nationalité
libanaise,
pas
plus
qu'aux
enfants
nés
de
cette
union.
Cette
situation
crée
des
complications
importantes,
d'autant
plus
que,
d'après
les
résultats
d'une
étude
régionale
menée
par
le
CRTD
et
publiée
en
février
2004,
les
femmes
ignorent
souvent
ce
déni
de
leur
droit,
ou,
si
elles
en
ont
connaissance,
en
ignorent
les
conséquences
sur
le
plan
pratique:
nécessité
d'un
permis
de
séjour
avec
toute
la
paperasserie
et
les
tracasseries
administratives;
impossibilité
d'accès
au
système
de
santé
public
et
gratuit;
restrictions
quant
au
marché
de
l'emploi;
problèmes
de
succession;
inadaptation
des
enfants,
qui
ne
sont
pas
considérés
comme
Libanais...
Les
problèmes
les
plus
graves
se
rencontrent
parmi
les
femmes
ayant
épousé
un
ressortissant
arabe
(elles
ne
peuvent
pas
enregistrer
l'enfant
si
le
mari
est
absent
ou
en
voyage).
Pour
justifier
que
la
femme
libanaise
ne
puisse
pas
transmettre
la
nationalité
à
ses
enfants,
des
arguments
politiques
et
confessionnels
- le
refus
de
naturaliser
les
Palestiniens
et
de
perturber
l'équilibre
démographique
entre
les
communautés
religieuses
-
sont
avancés.
Or,
ces
raisonnements
ne
tiennent
pas
la
route.
Comme
le
souligne
Me
Ziad
Baroud,
secrétaire
général
de
l'Association
libanaise
pour
la
démocratie
des
élections,
"le
Conseil
constitutionnel
a
admis
que
les
Palestiniens
soient
exclus
de
la
loi
sur
l'appropriation
par
des
étrangers
de
biens
immobiliers
au
Liban.
Pourquoi
ne
pas
appliquer,
en
attendant
une
solution
juste
pour
tout
le
monde,
la
même
exclusion
au
niveau
de
la
nationalité,
concernant
les
Libanaises
épousant
des
Palestiniens?"
Des
arguments
plus
terre
à
terre
sont
aussi
avancés:
est-ce
que
tous
les
hommes
palestiniens
vont
épouser
des
Libanaises?
L'impossibilité
pour
la
femme
libanaise
de
transmettre
sa
nationalité
a-t-elle
empêché
la
guerre
de
75-90
d'éclater?
Dans
un
Etat
moderne,
rien
ne
peut
en
réalité
justifier
l'interdiction
faite
à
une
femme
de
donner
sa
nationalité
à
ses
enfants.
Statut personnel
Le problème du statut personnel au Liban est que ses dispositions
sont
laissées
à la
discrétion
des
18
communautés
religieuses
reconnues:
18
communautés
et
presque
autant
de
statuts
personnels.
Comme
le
déclarait
la
regrettée
Laure
Moghaïzel
en
1991,
"les
lois
du
statut
personnel
sont
variablement
injustes
à
l'égard
des
femmes.
Non
seulement
elles
établissent
une
discrimination
entre
l'homme
et
la
femme,
mais
entre
les
femmes
elles-mêmes,
érigeant
des
barrières
entre
les
citoyens,
ce
qui
est
en
contradiction
avec
les
principes
de
la
démocratie
et
la
Charte
des
droits
de
l'homme",
et
de
la
CEDAW,
pourrions-nous
ajouter
aujourd'hui.
Sans
vouloir
entrer
dans
les
méandres
de
la
réglementation
propre
à
chaque
communauté,
voici
tout
au
moins
les
dispositions
dont
l'injustice
ou
l'anachronisme
paraissent
les
plus
flagrants:
1- La tutelle appartient au père dans toutes les communautés
(à
l'exception
de
la
communauté
israélite).
De
cette
reconnaissance
exclusive,
découlent
l'impossibilité
pour
une
mère
d'ouvrir
un
compte
bancaire
à
ses
enfants,
même
si
c'est
elle
seule
qui
y
contribue
financièrement;
la
nécessité
d'obtenir
l'autorisation
du
père
préalablement
au
voyage
des
enfants,
y
compris
avec
la
mère;
l'autorisation
du
père
préalable
à la
demande
d'un
passeport...
De
plus,
en
cas
de
décès
du
père,
la
mère
ne
devient
pas
automatiquement
la
tutrice
de
ses
enfants!
Chez
les
musulmans,
le
grand-père
paternel
des
enfants
en
devient
le
tuteur
légal
ou,
à
défaut,
les
hommes
du
côté
de
la
mère
(la
tutelle
sur
les
biens
étant
cependant
exclue
dans
ce
cas).
Chez
les
chrétiens,
il
faut
distinguer
entre
orthodoxes
et
catholiques.
Chez
les
premiers,
le
grand-père
paternel
devient
tuteur
légal
en
cas
de
décès
du
père
ou,
à
défaut,
la
personne
désignée
par
le
tribunal.
Chez
les
seconds,
le
tuteur
est
celui
que
le
père
a
désigné
avant
son
décès
ou,
à
défaut,
celui
que
le
tribunal
désigne,
la
mère
venant
en
premier,
à
moins
qu'elle
se
remarie,
puis
le
grand-père
paternel.
2- La garde des enfants: sauf exception, toutes les communautés
donnent
la
priorité
à la
mère
jusqu'à
l'âge
de 7
ans
pour
les
garçons,
9
ans
pour
les
filles;
chez
les
chiites,
la
période
passe
à 2
ans
pour
les
garçons
et 7
ans
pour
les
filles,
ce
qui
ne
devrait
pas
étonner
étant
donné
que
l'âge
du
mariage
légal
de
celles-ci
est
fixé
à 9
ans
à
condition
qu'elles
aient
eu
leurs
règles,
contre
15
ans
pour
les
garçons;
chez
les
catholiques,
le
tribunal
fixe
le
droit
de
garde
en
fonction
du
meilleur
intérêt
de
l'enfant.
3- Le divorce: chez les orthodoxes, le mari peut demander le
divorce,
notamment
s'il
se
révèle
que
la
femme
n'était
pas
vierge
le
jour
du
mariage,
à
moins
que
le
mari
n'en
ait
eu
connaissance
au
préalable;
si
la
femme
avorte
sans
la
connaissance
et
le
consentement
de
son
mari;
si
le
mari
interdit
à
son
épouse
de
fréquenter
un
lieu
donné
ou
des
personnes
de
réputation
douteuse
et
qu'elle
ne
se
plie
pas
à
cette
interdiction.
Chez
les
sunnites,
le
droit
de
demander
le
divorce
est
reconnu
à la
femme,
à
condition
qu'elle
demande
la
osmat
lors
du
contrat
de
mariage
et
que
le
mari
accepte.
Elle
peut
également
demander
la
séparation
dans
certains
cas
précis.
4-
La
succession:
les
communautés
non
musulmanes
sont
soumises
depuis
1959
à
une
loi
civile
qui
reconnaît
l'égalité
entre
les
successeurs,
quel
que
soit
leur
genre.
Il
n'en
va
pas
de
même
chez
les
musulmans,
chez
qui
l'homme
hérite
du
double
de
la
part
de
la
femme.
Par
ailleurs,
le
mariage
entre
un
chrétien
et
une
musulmane
prive
celle-ci
de
son
droit
d'hériter.
C'est
aussi
le
cas
du
musulman
qui
épouse
une
chrétienne.
Il
faut
souligner
que
le
pouvoir
juridictionnel
détenu
par
les
tribunaux
religieux
donne
lieu
à
certains
abus
au
détriment
de
la
femme,
en
matière
de
pension
alimentaire
en
cas
de
divorce
ou
même
pour
l'obtention
du
divorce
ou
de
la
garde
des
enfants,
y
compris
dans
les
cas
où
la
faute
du
mari
est
établie.
Adultère
Que dire d'une loi si franchement inique envers les femmes,
qu'aucun
prétexte,
même
bancal,
ne
peut
justifier?
Que
justement,
elle
est
franche
et
ne
s'encombre
pas
de
détours?
3
mois
à 2
ans
d'emprisonnement
pour
la
femme
adultérine,
1
mois
à 1
an
d'emprisonnement
pour
le
mari
adultérin,
à la
condition
-
dans
le
cas
de
l'homme,
est-il
besoin
de
préciser
-
que
l'adultère
ait
été
"consommé"
au
domicile
conjugal,
ou
que
la
liaison
soit
notoire.
Pour
se
consoler,
on
pourra
toujours
se
prévaloir
de
ce
que
l'amant
d'une
femme
adultérine,
s'il
est
marié,
encourt
la
même
peine
que
celle-ci.
Le
législateur
aurait
pu
se
montrer
encore
plus
discriminatoire
en
établissant
des
peines
différentes
pour
la
femme
et
l'amant!
Toujours
au
chapitre
de
l'indulgence
du
législateur
vis-à-vis
des
hommes,
Me
Ziad
Baroud
relève
qu'aucune
loi
ne
pénalise
le
client
d'une
prostituée
qui,
elle,
encourt
en
revanche
une
peine
de
prison
pouvant
aller
jusqu'à
un
an.
Droit
fiscal
Si
le
père
et
la
mère
travaillent,
l'homme
seul
bénéficie
d'un
abattement
sur
les
enfants.
La
femme
n'en
bénéficie
que
si
le
mari
décède
ou
s'il
devient
handicapé
et
cesse
par
conséquent
toute
activité.
De
même,
si
la
femme
ne
travaille
pas,
le
mari
bénéficie
d'un
abattement.
L'inverse
n'est
pas
vrai:
si
la
femme
travaille
et
que
le
mari
est
inactif,
la
femme
ne
tire
profit
d'aucun
abattement
sur
ses
revenus
pour
le
calcul
du
montant
de
l'impôt.
La participation politique
Avec 2,3% de femmes siégeant au Parlement, le Liban occupe la
105e
place
au
classement
mondial!
Là
encore,
le
système
patriarcal
fait
des
ravages
au
niveau
de
l'égalité
des
genres.
Comme
le
souligne
Lina
Abou
Habib,
"comment
une
société
fondée
sur
un
tel
système
peut
accepter
d'être
représentée
ou
gérée
par
une
femme?"
Une
candidate
se
présentant
aux
élections
municipales
s'est
ainsi
entendu
demander
s'il
"n'y
avait
pas
d'hommes
dans
sa
famille
pour
la
représenter?"
Ces
constatations
ont
amené
plus
d'une
personne
à se
demander
s'il
ne
serait
pas
judicieux
d'introduire
le
système
des
quotas
dans
la
loi
électorale.
Même
ceux
qui
ont
des
oppositions
de
principe
-
sans
compter
les
difficultés
de
mise
en
place
- y
voient
une
étape
transitoire
indispensable
pour
ancrer
la
participation
féminine
à la
vie
publique
et à
la
prise
de
décision.
Une
proposition
en
ce
sens
avait
été
faite
au
Parlement,
la
veille
des
élections
municipales
en
avril
2004,
sans
résultat:
absence
de
volonté
ou
conscientisation
insuffisante
sur
la
nécessité
de
la
présence
de
femmes
dans
la
vie
politique?
A
lire
absolument,
le
rapport
de
Transparency
International,
intitulé
"Corruption
Perceptions
Index
2003",
qui
établit
un
lien
entre
la
présence
de
femmes
au
pouvoir
et
un
taux
de
corruption
très
bas.
Encore
faut-il
que
celles
qui
parviennent
au
pouvoir
aident
leurs
consœurs
et
qu'elles
aient
le
courage
de
remettre
en
cause
le
système
patriarcal,
même
si
c'est
grâce
à
lui
qu'elles
sont
parvenues
à
leur
poste.
Les progrès réalisés
Si le droit libanais du travail reconnaît, depuis 1946 notamment,
une
égalité
de
principe
entre
employées
et
employés,
il a
fallu
attendre
tout
de
même
l'an
2000
pour
que
la
loi
interdise
expressément
à
l'employeur
toute
discrimination
en
raison
du
genre
concernant
la
nature
du
travail,
la
rémunération,
l'emploi,
la
promotion,
l'augmentation
de
salaire,
la
formation
continue
et
l'habillement!
Dans
la
foulée,
le
législateur
a
augmenté
la
durée
du
congé
maternité,
qui
est
passé
de
40
jours
à 7
semaines
(9
jours
de
gagnés)
et a
interdit
le
licenciement
d'une
femme
enceinte,
possibilité
qui
était
ouverte
à
l'employeur,
jusqu'à
l'an
2000
donc,
durant
les
5
premiers
mois
de
la
grossesse.
L'acquis
principal
reste
cependant
la
perception
désormais
égalitaire
des
droits
de
l'affilié
à la
Caisse
nationale
de
Sécurité
sociale,
quel
que
soit
son
genre.
Jusqu'en
décembre
2002,
seul
l'affilié
de
sexe
masculin
bénéficiait
de
toutes
les
prestations
de
la
sécurité
sociale,
car
considéré
comme
celui
qui
subvient
aux
besoins
de
la
famille.
L'employée
ne
pouvait
profiter
des
indemnités
familiales
qu'en
cas
de
divorce
et
si
un
jugement
lui
conférait
la
garde
des
enfants,
qu'en
cas
de
veuvage,
ou
si
le
mari
était
incapable
de
travailler.
De
plus,
la
CNSS
pouvait
demander
le
remboursement
par
l'affiliée
des
prestations
financières
reçues
au
nom
de
ses
enfants.
Ces
multiples
discriminations
ont
eu
un
impact
sur
"la
participation
incroyablement
faible
des
femmes
dans
le
secteur
économique
dit
formel",
comme
l'affirme
Lina
Abou
Habib.
La
présence
des
femmes
est
par
contre
importante
dans
le
secteur
informel
(agriculture,
artisanat,
travaux
non
rémunérés
tels
le
travail
à la
maison,
la
petite
confection...),
où
elles
ne
bénéficient
pas
de
la
protection
de
la
loi,
donc
d'aucun
droit,
et
où
le
travail,
en
plus
d'être
aléatoire,
est
mal
rémunéré.
Sur
le
terrain,
le
rapport
du
PNUD
sur
les
objectifs
de
développement
du
Millenium
(septembre
2003)
confirme
la
faiblesse
de
la
participation
de
la
femme
au
cycle
économique
et
décrit
une
réalité
peu
satisfaisante:
bien
qu'il
n'existe
pas
une
grande
différence
dans
l'accès
à
l'enseignement,
les
femmes
comptent
pour
21,7%
seulement
de
la
population
active
et
ne
contribuent
qu'à
hauteur
de
14,7%
dans
l'activité
économique;
la
différence
du
salaire
moyen
est
assez
discriminatoire
(de
l'ordre
de
20%
en
1997);
pas
plus
de
8,5%
, en
1996,
de
femmes
occupent
des
postes
de
direction.
La
même
situation
prévaut
dans
le
secteur
public:
2%
des
femmes
occupent
des
postes
de
catégorie
1,
contre
10%
et
19%
pour
les
catégories
2 et
3.
Quant
au
crime
d'honneur,
plutôt
que
de
supprimer
purement
et
simplement
en
1999
toute
excuse
de
quelque
genre
qu'elle
soit,
le
législateur
a
préféré
substituer
à
l'excuse
absolutoire
l'excuse
atténuante.
Il
est
bien
entendu
que
seuls
les
hommes
bénéficient
de
l'indulgence
de
la
loi
vis-à-vis
de
ce
crime.
Les
progrès
réalisés
paraissent
donc
bien
minces
au
regard
de
la
tâche
qui
reste
à
accomplir.
Il
ne
s'agit
pas
uniquement
de
moderniser
les
lois,
mais
tout
autant
de
changer
les
mentalités,
d'ancrer
une
conviction
que
la
femme
n'est
pas
qu'un
corps
qui
infante,
qui
travaille,
voire
qu'on
exploite,
mais
une
conscience
et
une
vision
neuve
qui
peuvent
servir
à
apaiser
la
société
et à
renouveler,
pour
le
meilleur,
la
conception
qu'on
peut
s'en
faire.
La
loi
sur
le
statut
personnel
doit
pouvoir
échapper
aux
communautés,
les
jeunes
sont
d'ailleurs
à
47,7%
en
faveur
d'une
loi
sur
le
mariage
civil
comme
le
montre
le
résultat
d'une
étude
menée
par
le
sociologue
Dr
Hassan
Hamdane,
publiée
en
2003
(source:
Cawtaryat,
n°11,
avril
2003).
Profiter
de
ce
nouvel
élan
de
la
jeune
génération,
lever
les
réserves
à la
CEDAW,
donner
à la
femme
l'envie
et
les
outils
-
par
l'introduction
à
titre
transitoire
du
système
des
quotas
-
qui
lui
permettront
de
s'impliquer
dans
la
vie
publique
de
son
pays,
tant
au
niveau
local
que
national,
reconnaître
ses
capacités
au
plus
haut
niveau,
voici
en
partie
ce
qui
nous
manque
pour
que
la
femme
puisse,
avec
son
partenaire
masculin,
bâtir
une
société
plus
juste,
plus
tolérante
et
moins
corrompue.
top
Nisrine Salhab
Ecrit par laurencia le Mardi 14 Septembre 2004, dans "Droits
de
l'homme,
de
la
femme,
de
l'enfant,
droits
humains
..."
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